Les trois portes de la sagesse

Publié le par Malou

Je me suis toujours battue
contre les injustices,
pour convaincre de ce que je croyais être ma vérité.
J'ai voulu changer ce que je pensais pouvoir changer.
Je m'efforce aujourd'hui d'accepter de ne pas changer ce qui ne peut l'être.

Il me reste un chemin à parcourir
 vers l'acceptation de ce que je suis
vers l'acceptation de l'autre, tel qu'il est.
Voulez-vous lire avec moi,
ce long conte qui donne à réfléchir
 sur la sente
de la sérénité
en la maturité.


Malou
Le 21 septembre 2008


Les Trois Portes de la Sagesse

Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, généreux et intelligent. Pour
parfaire son apprentissage de la Vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage.
- Éclaire-moi sur le Chemin de la Vie, demanda le Prince.
- Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le
Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu
trouveras trois portes. Lis les préceptes inscrits sur chacune d’elles. Un besoin
irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais
condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire davantage. Tu
dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette
route, droit devant toi.
Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva
bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire:

“Change le Monde.”

C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans
ce monde, d’autres ne me conviennent pas.
Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se
confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir.
Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il
réussit à changer certaines choses, mais beaucoup d’autres lui résistèrent.
Bien des années passèrent. Un jour, il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda:
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui
m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas.
- C’est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton
pouvoir. Ne t'acharne pas sur ce qui ne dépend pas de toi.
Et il disparut. Peu après, le Prince arriva devant une seconde porte. On pouvait y lire:

“Change les Autres.”

- C’était bien là mon intention, pensa-t-il . Les autres sont source de plaisir, de joie et
de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration. Et il s’insurgea
contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha
à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat.
Bien des années passèrent.
Un jour, alors qu’il méditait sur l’inutilité de ses tentatives de vouloir changer les
autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda:
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, que les agissements des autres ne sont pas la cause de
mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que
l’occasion ou le révélateur. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses.
- Tu as raison, dit le Sage. Ce qui se réveille en toi quand tu es face aux autres te
révèle quelque chose sur toi-même. Sois reconnaissant envers ceux en compagnie de qui
tu sens vibrer en toi joie ou plaisir. Sois-le aussi lorsque émerge en leur présence la
frustration ou la souffrance, car à travers cela la Vie te montre où tu en es et le
chemin qui te reste à parcourir.
Et le Vieil Homme disparut. Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient
ces mots:

”Change-toi toi-même.”

Si je suis moi-même la source de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire, se
dit-il. Et il entama son troisième combat. Il chercha à infléchir son caractère, à
combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer en lui tout ce qui ne
lui plaisait pas ou ne correspondait pas à son idéal.
Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi de
nombreux déboires, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda:
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer,
d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser.
- C’est bien, dit le Sage.
- Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de me battre contre tout,
contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos?
J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de lâcher prise.
- C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller
plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. Et il disparut.
Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la troisième porte et s’aperçut
qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait:

“Accepte-toi toi-même.”

Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu'il avait franchi la porte
la première fois, dans l’autre sens. Quand on combat, on devient aveugle se dit-il. Il vit
aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu
en lui: ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit
alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans
plus se comparer, se juger, se blâmer.
Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda:
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me
condamner à ne jamais être en harmonie avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même,
totalement, inconditionnellement.
- C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux
repasser la troisième porte.
À peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde
porte et y lut:

“Accepte les Autres.”

Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie. Celles
qu’il avait aimées et celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles
qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir
leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre
quoi il s’était battu.
Il rencontra alors le Vieux Sage.
- Qu’as-tu appris sur le chemin ? demanda ce dernier.
- J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus
rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à
aimer les autres totalement, inconditionnellement.
- C’est bien, dit le Vieux Sage. C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau
la deuxième porte.
Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut:

“Accepte le Monde.“

Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda
autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à
changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur Perfection.
C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Était-ce le monde qui avait changé ou
son regard ?
Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda:
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne
voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui
semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni
triste ni gai. Il est là, il existe, c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait,
mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à l’accepter sans le juger, totalement,
inconditionnellement.
- C’est la troisième Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même,
avec les autres et avec le Monde.
Un profond sentiment de Paix, de Sérénité, de Plénitude envahit le Prince. Le Silence
l’habita.
- Tu es prêt, maintenant, à franchir le Dernier Seuil, dit le Vieux Sage,
celui du
passage du Silence de la Plénitude

à la Plénitude du Silence.

Et le Vieil Homme disparut.

source: Charles Brulhart
www.metafora.ch

Publié dans Nouvelles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
C'est un super article...Bonne soiréeAbientôt
Répondre
D
savoir accepeter"" le maitre mot""et la tolérance viendra c'est très bien ...Biz .Bonne journée ..
Répondre
M
C'est un beau conte ; ce changer soi-même c'est un travail que nous sommes logiquement capable de faire, mais changer le monde..je crois impossible - mais il faut garder l'espoirbonne journée Mamy ANNICK
Répondre
L
C'est un peu long pour ce soir. Je reviendrai méditer sur ces textes. Je peux te dire quand même que je suis d’accord avec ton texte. Il est la vie ! Le propre de la jeunesse est de maîtriser, mettre à sa portée l’environnement, c’est la conquête qui ne peut être que victorieuse. Le constat vérité vient avec le temps, après avoir fait le tour de soi-même ! Mais ce n’est pas une épreuve. C’est un doux ajustement. Amicalement. Loic
Répondre
G
C'est un très beau texte,j'aime les contes, car chacun est libre de s'y trouver, de rêver, de s'y rattacher dans la quotidienneté ou dans le merveilleux.Dire... sans y toucher...Merci de ce partage, Malou,bises,
Répondre