Incarcérée arbitrairement, Rafah Nazed est à bout de forces!
Ce qui se passe en Syrie, actuellement, est très grave. Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi dans le centre de Damas en soutien au régime du président syrien Bachar al-Assad, confronté depuis près de sept mois à une contestation populaire qu'il tente de faire taire par la force. Selon l'ONU, la répression a fait plus de 2.900 morts en Syrie depuis le début de la révolte à la mi-mars.(dépêche AFP du 12 octobre 2011 publié par Libération.)
Rafah Nached, psychanalyste très populaire, venait rendre visite à sa fille sur le point d'accoucher le 10 septembre dernier. A l'aéroport de Damas, elle a été arrêtée et mise en prison dans des conditions inhumaines pour un prétexte fallacieux. Après avoir été gardée au secret pendant cinq jours, elle a été transférée dans la prison pour femmes de Douma (nord-est de Damas). Elle y est confinée dans une cellule exiguë où s’entassent une quinzaine de personnes, essentiellement des droits communs. Lors de la dernière visite que son époux a effectuée, le 25 septembre, Rafah Nached, qui se remet d’un cancer, est apparue très affaiblie, souffrant de dérèglements cardiaques de plus en plus marqués. Epuisée, n’ayant aucun endroit pour s’asseoir dans le parloir, elle a dû mettre prématurément un terme à l’entretien (Libération du 28 septmbre 2011- Jean-Pierre Perrin).
Citoyenne de gauche, j'ai eu envie de publier la belle lettre de Carla Bruni-Sarkozy. En effet, rien ne me parait plus effrayant pour la démocratie que cette pratique sectaire au coeur de notre politique politicienne qui consiste à clouer au pilori les initiatives, les actions du camp adverse du seul fait qu'elles proviennent de l'adversaire.
L'intelligence du coeur et des idées ne sont pas l'apanage d'un seul camp et je tiens aujourd'hui à illustrer mes propos en publiant cette lettre.
13 octobre 2013
Cher Docteur ABDALLAH,
J’ai appris que votre épouse, le Docteur Rafah NACHED, a disparu dans la nuit du 10 septembre, et que vous avez été 5 jours sans savoir ce qu’il était advenu d’elle. Il ne m’est pas difficile d’imaginer dans quelle angoisse vous et votre famille avez vécu ces moments.
Depuis lors, vous avez été averti qu’elle avait été arrêtée par des services de la sécurité militaire, et qu’elle était désormais emprisonnée. Vous avez le droit de lui faire deux visites d’une demi-heure par semaine. La dernière fois, vous avez constaté qu’elle était trop épuisée pour se tenir debout le temps de la visite. Elle souffre en effet de troubles cardiaques, et tous ceux qui la connaissent sont inquiets de son état de santé.
Je suis atterrée par ce qui lui arrive. J’ai pu constater que Rafah NACHED a beaucoup d’amis à Paris, où elle s’est formée comme psychanalyste. Il me paraît inconcevable que cette clinicienne, qui se voue à la thérapeutique et à l’étude, soit une menace pour l’ordre public, pour la sécurité de l’Etat.
Rafah NACHED, cette femme libre et accomplie, dont la notoriété est internationale, dont la vie et les travaux honorent la Syrie, les femmes syriennes et arabes, et toutes les femmes, connaît aujourd’hui un sort injustifiable. C’est pourquoi j’ose espérer que ceux qui peuvent rendre Rafah NACHED aux siens le feront sans attendre plus longtemps.
Cher Docteur Addallah, depuis l’arrestation de Rafah NACHED, votre petite-fille est née. Sans doute ne l’aura-t-on pas dit à votre épouse. Mais, dans sa cellule où elle est emprisonnée, elle n’est pas seule. Des milliers d’amis, connus ou inconnus, pensent à elle chaque jour à travers le monde, et n’auront de cesse d’agir pour que, très vite, elle retrouve la liberté, et puisse embrasser la petite Indya.
Avec toute mon admiration pour le courage de Rafah et le vôtre, je vous adresse à tous les deux mes sentiments de solidarité et de profonde sympathie.
Carla BRUNI-SARKOZY
publiée en exclusivité sur le site de La Règle du jeu et le Lacan quotidien
blog de Gazou